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blanches défenses en baissant la tête, et que l’écume ruisselle de ses mâchoires prêtes à déchirer, [390] que ses yeux sont pareils au feu ardent, et que les soies de son dos et de son cou se hérissent, de même le fils de Zeus sauta de son char.

C’était quand la cigale sonore, aux ailes noires, assise sur un rameau verdoyant, commence à chanter l’été pour les hommes, elle qui n’a que la rosée pour boisson et pour nourriture, et qui, pendant tout le jour, depuis le matin, chante au milieu de l’ardente chaleur, tandis que Seirios dessèche les corps ; c’était quand se dressent les épis du millet qui se sème en été ; quand rougissent les raisins que [400] Dionysos a donnés aux hommes pour leur joie et pour leur malheur ; c’était dans cette saison qu’ils combattaient en poussant de hautes clameurs.

Ainsi deux lions, autour d’une biche morte, furieux, se jettent l’un sur l’autre. Leur rugissement est terrible et leurs dents grincent. Ainsi deux vautours aux ongles et au bec recourbés, au faîte d’une roche élevée, combattent en criant pour une chèvre qui paissait sur les montagnes, ou pour une grasse biche des bois qu’un archer robuste a blessée d’une flèche. Tandis que le chasseur erre au hasard, les vautours qui s’en aperçoivent se jettent l’un sur l’autre. [410] Ainsi, en poussant des clameurs, se ruèrent les deux guerriers.

Kyknos, méditant de tuer le fils du très-puissant Zeus, frappa de sa lance d’airain le bouclier de Hèraklès, mais il ne put le rompre, car le don d’un Dieu préservait le guerrier. Alors, l’Amphitryôniade, la Force Hèrakléenne, le frappa rapidement de sa longue lance entre le casque et le bouclier, là où le cou était nu ; et le frêne tueur d’hommes s’enfonça au-dessous de la barbe [420] et trancha les deux muscles, car une grande vigueur avait accablé Kyk-