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Et la Déesse Athènè aux yeux clairs, s’approchant d’eux, leur dit ces paroles ailées :

— Salut, race de l’illustre Lyggeus ! Que Zeus qui commande aux Bienheureux vous donne maintenant la force de tuer Kyknos et d’enlever ses armes illustres ! [330] Mais écoute les paroles que je vais te dire, ô le plus brave des hommes ! Quand tu auras privé Kyknos de la douce lumière, laisse-le, lui et ses armes, et surveille Arès fléau des hommes. Quand, de tes yeux, tu verras celui-ci non abrité de son beau bouclier, alors, à cet endroit découvert, frappe-le de l’airain aigu. Puis, recule aussitôt, car il ne t’est point permis par la destinée de saisir ses chevaux, ni d’enlever ses armes illustres.

Ayant ainsi parlé, la noble Déesse monta rapidement sur le char, portant dans ses mains immortelles la victoire et la gloire. [340] Et, aussitôt, le divin Iolaos excita les chevaux par un cri terrible, et ceux-ci, épouvantés de ce cri, emportèrent le char rapide, en soulevant la poussière de la plaine, car Athènè aux yeux clairs, brandissant l’Aigide, avait redoublé leurs forces, et la terre retentit tout autour.

Et tous deux s’avançaient ensemble, pareils au feu et à la tempête, Kyknos dompteur de chevaux et Arès aux clameurs effrayantes. Et les chevaux, s’étant rencontrés, poussèrent des hennissements aigus, et le son en retentissait tout autour. Et, tout d’abord, la Force Hèrakléenne leur parla ainsi :

— [350] Lâche Kyknos, pourquoi pousser tes chevaux rapides contre nous qui sommes des hommes éprouvés par les travaux et les souffrances ? Fais reculer ton beau char et cède moi le chemin, car je vais à Trèkhina, auprès du roi Kèyx qui, puisant et respecté, commande dans Trèkhina ; et tu le sais assez toi-même, puisque tu as pour