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prendre, il n’y était attaché par aucun point. Et l’illustre Boiteux des deux pieds l’avait fait [220] en or. Il avait aux pieds des sandales ailées ; et l’épée d’airain, pendant du baudrier, autour de ses épaules, était enfermée dans la gaine noire ; et il volait comme la pensée. La tête du terrible monstre Gorgô couvrait son dos, et autour, chose admirable, flottait une besace d’argent d’où pendaient des fanges étincelantes d’or. Et autour des tempes du Roi terrible était le casque d’Aidès, enveloppé de la nuit noire. Et lui-même, Perseus, fils de Danaè, semblait se hâter en s’allongeant, et derrière lui, [230] les Gorgones, insaisissables et innommables, couraient désirant le saisir ; et devant leur poursuite le bouclier d’acier clair résonnait à grand bruit. A leurs ceintures pendaient deux dragons aux sifflements aigus, qui, levant la tête et dardant leurs langues, grinçaient des dents et jetaient des regards féroces. Et sur les têtes horribles des Gorgones planait une immense terreur.

Et là des hommes combattaient, couverts d’armes guerrières. Les uns repoussaient la ruine loin de leur ville et de leurs parents ; [240] les autres accouraient promptement ; et beaucoup étaient tombés déjà, et beaucoup d’autres combattaient. Les femmes, sur les tours bien construites, poussaient des clameurs aiguës en déchirant leurs joues de leurs ongles, et elles semblaient vivantes, étant l’ouvrage illustre de Hèphaistos. Les hommes accablés de vieillesse étaient assemblés hors des portes et levaient les mains vers les Bienheureux en tremblant pour leurs enfants. Et ceux-ci combattaient, et autour d’eux les Kères noires, grinçant de leur dents blanches, [250] aux voix farouches, au visage terrible, fatales et insatiables, se disputaient ceux qui tombaient, et toutes désiraient boire le sang noir et saisir le premier qui tom-