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l’autre. Ne craignez que la honte de la fuite, excitez dans votre cœur un vaillant et solide courage, et ne vous inquiétez point de la vie en luttant contre l’ennemi.

N’abandonnez point les vieux guerriers dont les genoux ne sont plus agiles. Il est honteux qu’un vieil homme, tombé au premier rang, gise devant les jeunes hommes, avec sa tête blanche, sa barbe blanche, et rende son âme courageuse dans la poussière, le corps dépouillé, et, chose indigne et lamentable à voir, cache de ses mains sa virilité sanglante !

Mais celui qui garde la belle fleur de la jeunesse, vivant, est admiré des hommes et des femmes, et, aussi, quand il tombe bravement au premier rang. Que chacun marche donc au combat d’un pied ferme, en mordant ses lèvres de ses dents.


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Puisque vous êtes la race invincible de Hèraklès, soyez pleins de courage. La face de Zeus ne s’est point encore détournée de vous. Ne craignez ni ne redoutez la multitude des hommes. Que chacun dresse son bouclier en face de l’ennemi, prêt à perdre l’âme et à subir la Kère, et qu’il aime la noire mort autant que la splendeur de Hèlios !

Si vous avez souffert des travaux lamentables d’Arès, savourez aussi l’ivresse terrible de la guerre ! Si vous avez fui quelquefois, ô jeunes hommes, vous connaissez aussi la victoire.