Pan aimait Ékhô, sa voisine ; Ékhô brûlait pour un
satyre bondissant, et le satyre dépérissait pour Lyda.
Autant Ékhô aimait le satyre, autant le satyre aimait
Lyda, autant Lyda aimait Pan. Ainsi Érôs les enflammait.
Autant chacun d’eux aimait celui qui le haïssait,
autant chacun haïssait celui qui l’aimait. Et j’enseignerai
ceci à ceux qui sont étrangers à Érôs : — Aimez
ceux qui aiment, afin d’être aimés par eux.
L’Alphéios, au delà de Pisa, ayant pénétré dans la mer,
roule vers Aréthousa, poussant son onde couverte de
rameaux d’olivier ; et, lui portant pour dons de belles
feuilles, des fleurs et de la poussière sacrée, il fend profondément
les ondes et court sous la mer sans y mêler
ses eaux ; et la mer ne le sent point passer. C’est ainsi que
l’Enfant terrible, plein de mauvaises ruses, savant en
cruautés, Érôs, a pu enseigner, par la force de l’amour,
la natation à un fleuve lui-même.