brave Iphiklès gisait contre terre ; et je pleurais, voyant
mes fils sans secours ; et enfin le doux sommeil quitta
mes yeux, et l’illustre Éôs se leva. Voilà les songes qui ont
troublé mon esprit pendant la nuit. Que ces malheurs se
détournent de notre demeure et tombent sur Eurystheus !
Que mon esprit soit ainsi divinateur, et qu’une
autre destinée ne s’accomplisse pas !
Quand le vent souffle doucement sur la mer glauque,
mon esprit timide me tente ; la terre ne me plaît plus et la
tranquillité des eaux m’attire ; mais quand la blanche
mer retentit, quand l’onde marine se recourbe en écumant,
quand les flots sans nombre sont agités, je tourne
mes yeux vers la terre et les arbres, et je fuis la mer ; la
terre me semble plus sûre, et l’épaisse forêt me plaît où
le souffle du vent fait chanter les pins. Certes, le pêcheur
mène une dure vie ; une nef est sa maison, son travail
est sur la mer, et les poissons sont une proie trompeuse.
Moi, j’ai le doux sommeil sous le platane touffu, et j’aime
à écouter le murmure prochain de la source qui, sans
effrayer mon oreille, la réjouit de son bruit.