Commencez, Muses Sikéliennes, commencez le chant funèbre.
Mais un juste châtiment a frappé tous les coupables ;
et moi, dans ce deuil, je répands des larmes et je gémis
sur ta destinée. Si je pouvais, comme Orpheus qui descendit
dans le Hadès, ou comme Odysseus, ou comme
Alkeidas avant lui, j’irais jusqu’à la demeure d’Aidès, et
je verrais si tu chantes chez Aidôneus, et j’entendrais ce
que tu chantes. Fais résonner pour Perséphona quelque
doux chant sikélien. Elle a joué elle-même, en Sikélè,
sur le rivage Aitnéen, et elle a su le chant Dôrique. Tes
vers ne resteront point non honorés, et de même qu’elle
a rendu autrefois Eurydikéia à Orpheus chantant harmonieusement
sur la kithare, de même, ô Biôn, elle te
rendra à nos montagnes. Ah ! si je savais jouer de la flûte,
certes, j’irais pour toi chanter chez Aidès !
Ma mère, pourquoi es-tu affligée ainsi dans ta chère âme et gémis-tu lamentablement ? La couleur rose qui était autrefois sur tes joues s’est effacée ; pourquoi es-tu consumée de douleur ? Est-ce parce que ton fils illustre endure des misères infinies sous un lâche, comme un lion sous un faon ? Hélas ! pourquoi les Dieux immortels m’ont-ils ainsi accablée d’opprobre ? Pourquoi mes parents m’ont-ils engendrée pour une destinée mauvaise ?