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répétera plus les sons de tes lèvres. À cause de ta mort les arbres ont laissé choir leurs fruits, et toutes les fleurs se sont flétries. Le beau lait ne coule plus des mamelles, ni le miel des ruches, car il a péri dans la cire, étant accablé de douleur. Mais puisque ton miel est épuisé, qu’est-il besoin d’en recueillir un autre ?

Commencez, Muses Sikéliennes, commencez le chant funèbre.

Le dauphin n’a jamais tant pleuré sur le rivage de la mer, le rossignol n’a jamais tant soupiré sur les rochers, jamais l’hirondelle n’a tant gémi sur les hautes montagnes ; jamais Kèyx ne fut accablée d’autant de chagrins à cause de Halkyôn.

Commencez, Muses Sikéliennes, commencez le chant funèbre.

Jamais Kèrylos n’a tant chanté avec tristesse sur la mer bleue ; jamais l’oiseau de Memnôn, volant autour du sépulcre, n’a tant pleuré le fils d’Aôs, dans les vallées de l’Orient, qu’on a pleuré la mort de Biôn.

Commencez, Muses Sikéliennes, commencez le chant funèbre.

Les rossignols et toutes les hirondelles qu’il charmait autrefois, et à qui il enseignait à chanter, tandis qu’ils se posaient sur les rameaux des arbres, mêlent leurs lamentations, et les autres oiseaux y répondent. Ô Colombes, prouvez aussi votre douleur.

Commencez, Muses Sikéliennes, commencez le chant funèbre.

Ô très-regretté ! Qui chantera désormais sur ta flûte ! Qui approchera sa bouche de tes roseaux ? Qui aurait cette audace ? Ils respirent encore tes lèvres et ton souffle. Ékhô elle-même recueille en eux tes chansons. J’offrirai ta flûte à Pan, et peut-être craindra-t·il d’en approcher