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missez avec moi, Plantes et Forêts ! Fleurs, exhalez les parfums de vos tiges penchées ! Rougissez tristement, Roses et Anémones ! Hyacinthe, fais parler tes lettres, et inscris plus que jamais sur tes feuilles : — Hélas ! hélas ! un illustre chanteur est mort !

Commencez, Muses Sikéliennes, commencez le chant funèbre.

Rossignols, qui pleurez sous les feuilles épaisses, annoncez aux ondes de la sikélienne Aréthousè que le bouvier Biôn est mort, et que les chants sont morts avec lui, et que la Muse Dôrienne a péri.

Commencez, Muses Sikéliennes, commencez le chant funèbre.

Ô Cygnes du Strymôn, gémissez misérablement sur les eaux, et, en gémissant, chantez une plainte lugubre d’une voix semblable à celle de Biôn, quand il luttait avec vous. Dites aux Vierges Oiagriennes, dites à toutes les Nymphes Bistoniennes : — Il est mort, l’Orpheus dôrique !

Commencez, Muses Sikéliennes, commencez le chant funèbre.

Celui qui était cher aux troupeaux ne chantera plus désormais, assis sous les chênes solitaires ; mais il chante des vers lugubres chez Aidôneus ! Les montagnes sont muettes, les vaches errent auprès des taureaux, pleurent et ne veulent plus paître.

Commencez, Muses Sikéliennes, commencez le chant funèbre.

Apollôn lui-même, ô Biôn, a pleuré ta mort soudaine. Les Satyres ont gémi, les Priapes se sont couverts de vêtements noirs, et les Aigipans ont regretté tes chants avec des larmes. Les Nymphes des sources pleurent dans les bois, et leurs eaux deviennent des larmes. Ékhô gémit dans les rochers, car elle se taira désormais et ne