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donné les demeures de mon père, et i’ai suivi ce taureau, et, dans cette navigation étrange, je suis errante et solitaire ! Ô toi qui ébranles la terre et qui commandes sur la blanche mer, viens à mon aide ! Je désire voir celui qui dirige ma course et qui m’emporte. En effet, ce n’est point sans l’aide d’un Dieu que je traverse les routes humides. Elle parla ainsi, et le Taureau aux grandes cornes lui répondit :

— Rassure-toi, Vierge, et ne crains pas les flots marins. Je suis Zeus lui-même, bien que je semble un taureau, car je puis prendre la forme qui me plaît. L’amour que j’ai pour toi m’a poussé à traverser une si longue mer sous la forme d’un taureau, et bientôt la Krètè va te recevoir. C’est elle qui m’a nourri, et tes noces se feront là. Tu concevras de moi d’illustres fils qui seront, parmi les hommes, des Rois porte-sceptres.

Il parla ainsi, et ce qu’il dit fut fait. Et la Krètè apparut, et Zeus, reprenant sa forme, dénoua la ceinture d’Eurôpéia, et les Heures dressèrent son lit. Et celle qui était vierge devint bientôt l’épouse du Kronide, et elle lui conçut des fils, et elle devint mère.



III


Épitaphe de Biôn.



Gémissez avec moi d’une plainte lamentable, ô Vallons, Onde Dôrienne ! Fleuves, pleurez l’aimable Biôn ! Gé-