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Ayant ainsi parlé, elle disparut. Et moi, insensé ! j’enseignais à Érôs mes chansons pastorales, comme s’il eût voulu les apprendre, et comment Pan inventa la flûte oblique, Athana la flûte droite, Hermès la lyre et le doux Apollôn la kithare. Et je lui enseignais ces choses, et il n’avait nul souci de mes chansons ; mais il me chantait lui-même des choses amoureuses, et il m’enseignait les amours des mortels et des Immortels et les travaux de sa mère. Alors j’oubliai les choses que j’avais enseignées à Érôs, et j’appris toutes les chansons amoureuses que m’enseigna Érôs.




IV


Les Muses ne craignent point le cruel Érôs, mais elles l’aiment dans leur cœur, et elles suivent ses traces. Si quelqu’un, d’un génie peu aimable, veut chanter, elles le fuient et refusent de lui rien enseigner ; mais si quelque autre, dont le cœur est saisi d’amour, chante harmonieusement, alors, toutes ensemble, elles se hâtent d’aller vers lui. Et ces paroles sont vraies, et j’en suis témoin, car si je célèbre par mes vers un autre homme ou un autre Immortel, ma langue devient inerte et ne chante plus comme elle avait coutume ; mais si je célèbre de nouveau Érôs ou Lykidas, alors un chant joyeux coule de ma bouche.