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prouve l’œuvre accomplie par tes mains vigoureuses. Parle donc, ô héros, afin que je sache ce que je désire. Dis-moi si je m’abuse ou non, et si tu es celui dont nous parlait cet Akhaien de Hélika. Apprends-moi aussi comment, bien que seul, tu as tué cette bête formidable, et comment elle était venue dans l’humide forêt de Néméa, car il n’est point de tel monstre dans le Péloponèsos. Il n’y en existe absolument point, mais uniquement des ours, des sangliers et des loups carnassiers. Et c’est pourquoi s’étonnaient tous ceux qui écoutaient ce récit ; et ils disaient que le voyageur mentait, ne cherchant qu’à les amuser par de vaines paroles.

Ayant ainsi parlé, Phyleus quitta le milieu de la route, afin que tous deux pussent marcher de front, et qu’il entendît mieux Hèraklès ; et celui-ci, se plaçant à son côté, parla ainsi :

— Ô fils d’Augéias, tu as pensé vrai, quant à la première question que tu m’as faite. Je puis te dire, au sujet de cette bête féroce, comment tout s’est passé, mais non d’où elle était venue. Aucun des innombrables Argiens ne saurait le dire. Seulement, nous présumons qu’un des Immortels avait envoyé ce châtiment aux Pherônides, irrité de ce qu’ils négligeaient les sacrifices. Car, tel qu’un fleuve déborde, ce lion ravageait affreusement les campagnes, surtout celles des Bembiniaiens qui habitaient auprès et qu’il accablait de maux intolérables.

Eurystheus m’ordonna d’accomplir cette première tâche, et il m’envoya tuer cette horrible bête féroce. Je partis, avec un arc fiexible et un carquois profond, plein de fièches, et je portais à la main un tronc solide d’olivier sauvage encore revêtu de son écorce, que j’avais trouvé aux pieds du Hélikôn sacré, et arraché tout entier avec ses nombreuses racines. Quand je fus arrivé là où était le