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bord du bouclier concave et leurs dents découvertes, cria aussitôt, et, repoussant des pieds la chaude couverture, se leva pour fuir ; mais Hèraklès, faisant face aux dragons, les saisit de ses mains, qu’il riva autour de leurs gorges gonflées de poisons horribles aux Dieux mêmes. Et ils s’enroulaient en spirale autour de l’enfant né tardivement, qui tétait encore et n’avait jamais pleuré ; et ils se déroulaient, épuisés de n’avoir pu se dégager.

Mais Alkmèna entendit crier, et s’éveilla : — Debout, Amphitryôn ! car j’ai peur. Debout ! et ne prends pas tes sandales. N’entends-tu pas crier le plus jeune des enfants ? Ne vois-tu pas que, bien qu’il fasse encore nuit, les murs brillent d’une autre clarté que celle de l’aurore ? Il y a quelque chose d’inaccoutumé dans la maison, ô le plus cher des hommes !

Elle parla ainsi, et il la crut ; et, sortant du lit, il s’élança, voulant saisir l’épée habilement ciselée toujours suspendue à une poutre au-dessus du lit de bois de cèdre. Et comme il étendait une main vers le baudrier au brillant tissu, et soulevait de l’autre la grande gaine faite en bois de lotos, la vaste chambre retomba dans l’obscurité. Alors, il appela à grands cris les serviteurs arrachés à leur lourd sommeil : — Apportez promptement de la lumière, ô mes serviteurs ! Prenez du feu au foyer et tirez les barres solides des portes ! Debout, courageux serviteurs ! C’est moi qui vous appelle !

Et les serviteurs étant accourus à la hâte avec des lampes allumées, la chambre en fut remplie. Et quand ils virent Hèraklès, encore à la mamelle, qui étreignait les deux bêtes de ses petites mains, ils jetèrent des cris d’admiration. Et lui, présentant les reptiles à son père Amphitryôn, sautait dans sa joie d’enfant, et déposa en riant, aux pieds de son père, les monstres effrayants sai-