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asphalion.

Ils mentent, ami, ceux qui disent que les nuits diminuent en été, lorsque Zeus prolonge les jours. J’ai fait mille songes, et l’aube n’est pas encore levée. Me suis-je trompé ? D’où cela vient-il ? Les nuits sont certainement longues.

olpis.

Asphaliôn, n’accuse pas l’heureux été. La durée du temps est toujours la même ; mais l’inquiétude a troublé ton sommeil et t’a rendu la nuit plus longue.

asphalion.

Sais-tu expliquer les songes ? J’en ai eu d’heureux, et je ne veux pas que tu en sois privé. Partagc-les avec moi comme les travaux de la pêche, car tu es très-intelligent ; et le meilleur interprète des songes est celui que l’intelligence dirige. D’ailleurs, nous avons du loisir. Qu’avons-nous de mieux à faire, couchés sur des feuilles auprès de la mer, et ne dormant pas ? L’âne est dans les ronces, la lampe au Prytanée, et celle-ci, dit-on, ne manque jamais d’huile.

olpis.

Enfin, dis et explique à ton compagnon le rêve que tu as eu cette nuit.

asphalion.

Je m’étais endormi tard, fatigué par la mer, et je n’avais pas beaucoup mangé, car nous avons soupé de bonne heure et fort peu, si tu te le rappelles. Or, je me voyais assis sur un rocher, d’où je guettais les poissons en agi-