Page:Leconte de Lisle - Hésiode.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’innombrables porte-boucliers, vêtus d’airam éclatant. Il pourrait combler tous les rois de richesses, tant il en abonde de tous côtés dans sa riche demeure. Ses peuples travaillent en repos, car nul ennemi, après avoir passé le Neilos plein de monstres, n’a porté la guerre dans ses campagnes et n’est descendu tout armé des nefs rapides pour enlever les troupeaux Aigyptiens.

Tel est l’homme qui règne sur ce vaste pays, le blond Ptolémaios, qui sait brandir la lance, qui conserve l’héritage paternel, comme un bon roi, et l’augmente encore lui-même.

Cependant, l’or n’est pas inutilement amoncelé dans sa riche demeure, tel que les réserves des fourmis infatigables ; mais les glorieux temples des Dieux en reçoivent une grande partie, car il leur fait des offrandes et des dons, et il le prodigue aussi aux rois magnanimes, à ses villes et à ses braves compagnons ; et aucun homme ne chante harmonieusement dans les fêtes sacrées de Diônysos, auquel il ne fasse un présent digne de son art. C’est pourquoi les interprètes des Muses célèbrent les bienfaits de Ptolémaios. Or, qu’y a-t-il de plus désirable pour un riche que d’acquérir de la gloire parmi les hommes ? La gloire est le seul bien qui reste aux Atréides de tous les trésors qu’ils avaient enlevés de la grande maison de Priamos, et qui sont retombés sans retour dans le néant. Ptolémaios seul, parmi les anciens, et parmi ceux dont la poussière qu’ils ont foulée garde les traces récentes, a élevé des temples parfumés d’encens à sa mère bien aimée et à son père, temples où leur ont été érigées des statues d’or et d’ivoire, comme à des Dieux sauveurs vénérés de tous les hommes. Et il brûle en leur honneur, tous les mois, les cuisses grasses des bœufs sur les autels rougis de sang, lui et sa femme irréprochable, la meilleure de