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Et Koôs, où tu es né, t’a nourri, quand tu venais de voir la première aurore.

C’est là que la fille d’Antigona, accablée par les douleurs de l’enfantement, implora Eileithya qui délie les ceintures ; et celle-ci, propice à sa prière, lui versa l’oubli des douleurs, et l’enfant bien aimé, semblable à son père, naquit ; et Koôs, le voyant, poussa un cri de joie et dit, le touchant de ses mains caressantes : — Enfant, sois heureux ! et puisses-tu m’honorer autant que Phoibos Apollôn a honoré Dèlos à la ceinture azurée ! Puisses-tu honorer de même la hauteur de Triôps, et répandre tes faveurs sur les Dôriens voisins, ainsi que le Roi Apollôn aima Rhènaia ! —

Ainsi parla l’Île, et un grand aigle poussa trois cris favorables sous les nuées ; et c’était sans doute un signe de Zeus Kroniôn. Zeus prend souci des Rois vénérables, et de celui-là surtout qu’il a aimé dès sa naissance ; aussi le bonheur l’accompagne-t-il toujours, et il commande à beaucoup de terres et de mers, et à mille contrées et à mille nations qui font croître les moissons à l’aide de Zeus pluvieux. Mais aucune terre n’est aussi fertile que l’Aigyptos au sol bas, quand le Neilos, en débordant, amollit les mottes de terre. Aucune ne possède autant de villes, ouvrages d’hommes industrieux. Elle en a trois cents, trois mille, trois fois dix mille, trois fois trois et trois fois neuf, sur lesquelles règne le magnanime Ptelémaios.

Il possède une partie de la Phoinilta, de l’Arabia, de la Syria, de la Libya et des noirs Aithiopiens ; il commande à tous les Pamphyliens et aux belliqueux Kilikiens et aux Lykiens, et aux Kariens amis de la guerre, et aux îles Kyklades, car il a d’excellentes nefs sur la mer. Et autour de lui se pressent des cavaliers sans nombre et