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oublié, et Philoitios, le pasteur de bœufs, et le magnanime Laertès lui-même, si les chants de l’lônien leur avaient manqué !

Les Muses donnent la vraie gloire aux peuples ; mais la richesse des morts est consumée par les vivants. Il serait aussi vain de compter les flots que le vent pousse de la mer glauque vers la terre, ou de vouloir laver une brique noire dans une eau claire, que de toucher un avare ! Qu’il se réjouisse donc de sa destinée, et que sa richesse soit immense, et sans borne son désir de l’augmenter toujours ! Moi, je préfère à la multitude des mulets et des chevaux l’amitié et l’estime des hommes.

Je cherche qui d’entre les mortels nous accueillera, les Muses et moi, car les Aoides ne sauraient marcher sans les filles de Zeus qui inspirent les grandes choses. L’Ouranos n’est pas encore fatigué de rouler les mois et les années, et de nombreux chevaux emportent encore le char de Hèlios. Il se trouvera celui qui aura besoin de l’Aoide pour chanter ses actions égales à celles du grand Akhilleus ou du terrible Aias dans la plaine du Simoïs, ou est le tombeau du Phrygien llos. Déjà ont frémi les Phoinikes qui habitent la haute extrémité de la Libya, du côté du Couchant. Déjà les Syracusains portent au bras les boucliers d’osier et tiennent les lances par le milieu. Parmi eux, Hiérôn, semblable aux héros anciens, ceint l’épée et agite le crin de son casque.

Ô Zeus, père auguste l ô vénérable Athana ! Et toi, vierge Perséphona, qui possèdes avec ta mère la grande cité des Ephyraiônes, auprès des eaux de Lysiméléia ! Puisse une noire destinée repousser nos ennemis loin de cette île, à travers les flots Sardes, afin qu’ils aillent raconter à leurs enfants et à leurs femmes la mort de ceux qu’ils ont perdus ! Que nos villes, saccagées et détruites, soient ren-