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beilles d’argent, des vases à parfums, en or, et pleins des essences Syriennes, et tous ces mets que les femmes font en mêlant, dans la poêle, des fleurs à la farine blanche, et ceux qu’elles composent de doux miel et d’huile, imitant tous les oiseaux et tous les autres animaux.

De verts feuillages d’anis flexible ont été domptés et reployés, et par-dessus volent de petits Érôs, semblables aux jeunes rossignols qui vont de branche en branche, essayant leurs ailes. Ô ébène ! ô or ! ô vous deux, aigles d’ivoire qui portez à Zeus, fils de Kronos, l’enfant-échanson !

En haut, des tapis de pourpre plus moelleux que le sommeil, comme on dirait à Milatos ou à Samos, forment le lit du bel Adônis, et Kypris s’y couche auprès de son jeune époux Adônis aux bras roses. Ses baisers ne piquent pas, car ses lèvres sont encore imberbes. Que Kypris se réjouisse, puisqu’elle a son jeune époux ! Pour nous, dès l’aurore, à l’heure de la rosée, nous irons en foule vers les flots du rivage ; et, la chevelure déliée, les ceintures dénouées et les seins nus, nous dirons un chant éclatant.

Seul entre tous les demi-Dieux, ô cher Adônis, tu vois tour à tour la terre et l’Akhérôn. Agamemnon n’a pas eu cette destinée, ni le grand Aias, héros aux fureurs terribles ; ni Hektôr, le plus admiré des vingt fils de Hékaba ; ni Patroklos, ni Pyrrhos qui revint de Troia ; ni même ceux qui vivaient longtemps auparavant, les Lapithes et les Deukaliônes et les Pélasges, ancêtres des Pélopeides et d’Argos.

Sois-nous maintenant propice, ô cher Adonis, et sois heureux jusqu’à la nouvelle année. Tu as été le bienvenu, ô Adônis, et, quand tu reviendras, tu le seras encore !