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IDYLLE XII



l’ami.



Tu es venu, ô cher jeune homme, après trois nuits et trois aurores ! Tu es venu, mais ceux qui te désirent vieillissent en un jour !

Autant le printemps est plus doux que l’hiver, autant la pomme est plus douce que la prune sauvage, autant la brebis laineuse l’emporte sur l’agneau, et la vierge sur la femme trois fois mariée, autant le faon est plus léger que les génisses, autant le rossignol chante mieux que tous les autres oiseaux, autant tu m’as réjoui par ta venue ; et je suis accouru, comme un voyageur, par un soleil brûlant, sous un hêtre ombreux !

Oh ! si les Érôs nous caressaient d’un même souffle, et si les hommes futurs pouvaient nous chanter ainsi : Quels étaient ces deux hommes d’autrefois, celui que l’Amykaien eût nommé l’Aimant, et celui que le Thessalien eût nommé l’Aimé ? Ils s’aimaient d’un égal amour, et sans doute ce fut un âge d’or où celui qui était aimé aimait aussi !

Oh ! si ce vœu s’accomplissait, Père Kronide ! ô Dieux toujours jeunes ! S’il arrivait qu’après deux cents générations quelqu’un me disait, sur les bords de l’Akhérôn, d’où nul ne revient : La tendresse qui t’unissait à ton