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fanté avec des branchies, et que je ne puis plonger vers toi et te baiser la main, si tu me refusais les lèvres. Je te porterais ou des lis blancs, ou un jeune pavot aux pétales rouges, mais non tous deux à la fois, car les uns germent en été et les autres en hiver.

Maintenant, ô jeune fille, j’apprendrai du moins à nager, afin de savoir pourquoi il vous est si doux d’habiter l’abîme. Puisses-tu en sortir, ô Galatéia ! Puisses-tu, telle que moi qui reste assis en ce lieu, oublier de retourner dans ta demeure !

Puisses-tu désirer de conduire les troupeaux avec moi, de traire le lait et de le cailler en fromages à l’aide de la présure aigre ! Ma mère m’a causé tout ce mal, et je lui en veux ; car, me voyant maigrir de jour en jour, jamais elle ne t’a rien dit en ma faveur. Je lui déclarerai que ma tête et mes pieds brûlent, afin qu’elle soit afïiigée, puisque je le suis aussi !

Ô Kyklôps, Kyklôps ! où tes esprits s’en vont-ils ? Si tu tressais des corbeilles et coupais du feuillage pour tes jeunes brebis, peut- être ton intelligence n’en irait-elle que mieux. Jouis des biens présents ; pourquoi poursuivre ce qui te fuit ? Tu trouveras une autre Galatéia, et même plus belle. Plusieurs belles jeunes filles m’excitent à jouer avec elles, et rient aux éclats quand je les écoute. Je suis donc aussi quelque chose sur la terre ! —

C’est ainsi que Polyphamos promenait son amour en chantant ; et il en goûtait plus de repos que si, pour cela, il eût donné de l’or.