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IDYLLE XI



le kyklôps.



Ni les onctions, ni les poudres, Nikias, ne sont, il me semble, un remède à l’amour ; il n’en est d’autre que les Piérides. Ce remède, qui allège et réjouit, est accessible aux hommes, mais il n’est pas facile de l’acquérir. Tu le connais sans doute, étant médecin et très-cher aux neuf Muses.

C’est par lui que le Kyklôps né dans notre pays, l’antique Polyphamos, supporta la vie, quand, les lèvres et les tempes encore imberbes, il aimait Galatéia. Et, certes, il ne l’aimait pas avec des pommes, une rose ou une boucle de cheveux, mais avec des violences passionnées, et il se souciait peu du reste. Bien des fois les brebis revinrent seules du vert pâturage à l’étable, tandis qu’il se consumait, depuis le jour levant, sur les algues du bord, gardant au fond de son cœur, comme une flèche dans le foie, la plaie cuisante de la grande Kypris. Mais il découvrit le remède à son mal, et, assis sur les roches élevées, regardant la haute mer, il chantait ainsi :

— Ô blanche Galatéia, plus blanche à voir que le fromage, plus délicate que l’agneau, plus fière que la génisse, et dont la peau est plus luisante et plus ferme que le raisin vert, pourquoi rejettes-tu celui qui t’aime ?