Page:Leconte de Lisle - Hésiode.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aveugle ; Érôs aussi n’y voit point. Ne parle pas si fièrement.

milôn.

Je ne parle point fièrement. Mais, allons ! jette tes gerbes, et dis-nous une chanson amoureuse sur ta jeune fille. Le travail te sera moins pénible, et tu étais musicien autrefois.

battos.

— Muses Piérides ! Chantez avec moi la svelte enfant ; car vous embellissez, ô Déesses, tout ce que vous touchez.

Charmante Bombyka, on dit que tu es Syrienne, maigre et brûlée du soleil ; et, moi seul, je trouve que tu as la couleur du miel !

La violette aussi est noire, et l’hyacinthe, sur laquelle sont tracées des lettres ; cependant, les premières, elles sont choisies pour les couronnes.

La chèvre cherche le cytise, le loup poursuit la chèvre, et la grue suit la charrue, et moi je n’ai de passion que pour toi !

Oh ! si j’avais toutes les richesses que Kroisos a, dit-on, possédées, nous aurions deux statues d’or consacrées à Aphrodita !

Toi, tu porterais des flûtes, une rose ou une pomme ; moi, j’aurais un beau vêtement et des chaussures neuves aux pieds.

Charmante Bombyka, tes pieds sont comme des osselets, ta voix est douce comme l’aubergine, et je ne puis décrire tes qualités ! —

milôn.

Certes, je ne savais pas que le bouvier fît de si belles