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ment, ô divin Komatas, couché à l’ombre des chênes ou des pins !

Ayant ainsi chanté, il se tut, et je dis après lui : — Ami Lykidas, tandis que je paissais les bœufs sur les montagnes, les Nymphes m’ont enseigné un grand nombre de chansons que la renommée a portées jusqu’au thrône de Zeus ; mais celle-ci est excellente entre toutes. Écoute, puisque tu es cher aux Muses :

— Certes, les Érôs ont éternué pour Simikhidas, car le malheureux aime Myrtô autant que les chèvres aiment le printemps ; mais Aratos, le plus aimé de ses amis, a dans le cœur une passion pour un enfant.

Aristis, le meilleur des hommes, à qui Phoibos même permettrait de chanter avec la lyre auprès du trépied. Aristis sait qu’Aratos brûle pour un enfant, et jusque dans la moelle de ses os.

Ô Pan ! toi qui possèdes la belle plaine du Hoinolas, puisses-tu mettre dans ses bras le tendre Philinos, ou tout autre. Et si tu le fais, ô Pan, puissent les enfants akkadiens ne plus te fustiger les côtes et les épaules, comme ils ont coutume quand les mets sont rares !

Mais si tu refuses, que ton corps soit traversé et déchiré par des ongles ! Puisses-tu dormir sur des orties ! puisses-tu habiter, en plein hiver, sur les montagnes des Hèdôniens, aux bords du Hébros, auprès de l’Ourse, et, en plein été, vivre chez les Aithiopiens les plus reculés, sous les rochers des Blémyes, là où le Neilos devient invisible !

Et vous, ô Érôs, semblables à des pommes vermeilles, qui habitez la sphère élevée de la blonde Diôna, quittez le cours limpide de Hyétis et de Byblis ; percez de vos flèches le beau Philinos, puisque le barbare n’a point pitié de mon hôte. Certes, il est déjà mûr comme une