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Les Alcyons apaiseront les flots et le Notos et l’Euros qui ébranle les algues sous-marines, — les Alcyons, eux qui sont le plus aimés des glauques Nèrèides, parmi tous les autres oiseaux de la mer.

Que tout lui soit propice, pendant qu’il naviguera vers Mitylana, et qu’il aborde en un port sûr ! Et moi, couronnant ma tête d’anis, de roses et de violettes blanches, j’emplirai un kratèr de vin Ptéléatique, couché auprès du feu.

Et la fève y rôtira, et, plongé dans une épaisse litière de knyse, d’asphodèle et de flexible persil, je boirai mollement, en songeant à lui, à pleines coupes et jusqu’à la lie !

Cependant, deux pasteurs, l’un d’Akharna, l’autre de Lykôpè, me joueront de la flûte ; et Tityros me chantera comment le bouvier Daphnis aima autrefois Xénéa, et comment il courait sur la montagne, et comment les chênes qui croissent aux bords du fleuve Himéra pleurèrent sur lui, tandis qu’il se fondait, comme une neige aux pieds du grand Haimos, ou de l’Athos, ou du Rhodopa, ou du Kaukasos, le plus lointain des monts.

Et il chantera aussi comment, autrefois, par les mauvaises rigueurs d’un maître, un large coffre reçut le chevrier vivant ; et comment les abeilles camuses qui venaient de la prairie le nourrirent de l’arome des fleurs, dans le cèdre odorant, parce que la Muse lui avait versé un doux nektar dans la bouche.

Ô bienheureux Komatas, tu as éprouvé ces choses, et l¤ as été enfermé dans le coffre, et, durant toute une année, tu as ainsi souffert, tandis que les abeilles te nournssaient de rayons. Ah ! pourquoi n’as-tu pas vécu de mon temps ? J’aurais fait paître tes belles chèvres sur les montagnes, et je t’aurais entendu chanter harmonieuse-