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IDYLLE VII



Les Thalysies.



Nous allions, Eukritos et moi, de la ville au fleuve Halès, accompagnés d’Amyntas, et nous rendant auprès de Phrasidamos et d’Antigénès, qui devaient célébrer les Thalysies en l’honneur de Damatèr. Tous deux étaient fils de Lykôpeus, noble postérité des hommes justes d’autrefois, car ils descendaient de Klytia et de ce Khalkôn qui, ayant appuyé son genou sur une roche, fit jaillir avec son pied la source Bouréia, au-dessus de laquelle les peupliers et les ormes chevelus forment une voûte de feuilles vertes.

Nous avions à peine fait la moitié du chemin, et le tombeau de Brasilas ne nous apparaissait point encore, quand nous rencontrâmes un voyageur, un homme de Kydôn, du nom de Lykidas. C’était un chevrier ; et personne ne s’y fût trompé en le voyant, car il portait sur les épaules la peau fauve au poil épais d’un bouc velu, sentant encore le fromage. Une large ceinture serrait un vieux manteau sur sa poitrine ; il tenait de la main droite un bâton d’olivier sauvage, recourbé par un bout, et il me dit, l’œil ioyeux, et les lèvres ouvertes et souriantes :

— Simtkhidas, où donc vas-tu, à midi, quand le lézard dort dans les haies et quand les alouettes huppées restent cachées ? Te hâtes-tu pour un repas où tu es convié ?