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IDYLLE VI



Les Boucoliastes. — Damoitas et Daphnis.



Damoitas et le bouvier Daphnis, ô Aratos, réunirent une fois leurs troupeaux. L’un était blond, l’autre à peine barbu ; et tous deux, assis auprès d’une fontaine, chantaient, en été, vers midi. Et Daphnis commença, car il avait porté le défi.

daphnis.

— Galatéia jette des pommes à ton troupeau, ô Polyphamos, te nommant un chevrier froid en amour ; et toi, malheureux, ô malheureux ! tu ne la vois pas, et tu restes assis jouant de doux airs sur ta syrinx. Vois encore ! Elle atteint la chienne qui te suit et qui veille sur tes brebis ; et ta chienne aboie du côté de la mer, et les flots transparents la réfléchissent, tandis qu’elle court le long du rivage qui murmure harmonieusement. Prends garde qu’elle se jette sur les jambes et blesse le beau corps de la jeune fille, quand celle-ci sortira de la mer. Voici que Galatéia t’agace de loin. Semblable aux aigrettes desséchées de l’acanthe, lorsque brûle le bel été, elle te fuit si tu la recherches, elle te poursuit si tu la fuis. Enfin, il n’est rien qu’elle ne fasse, car il arrive certainement, ô Polyphamos, que la laideur même paraît belle en amour.