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la divine Ekhidna au cœur ferme, moitié nymphe aux yeux noirs, aux belles joues, moitié serpent monstrueux, horrible, immense, aux couleurs variées, [300] nourri de chairs crues dans les antres de la terre divine. Et sa demeure est au fond d’une caverne, sous une roche creuse, loin des Dieux immortels et des hommes mortels ; car les Dieux lui ont donné ces demeures illustres. Et elle était enfermée dans Arimos, sous la terre, la morne Ekhidna, la Nymphe immortelle, préservée de la vieillesse et de toute atteinte. Et l’on dit que Typhaôn s’unit d’amour avec elle, ce Vent impétueux et violent, avec cette belle Nymphe aux yeux noirs.

Et elle devint enceinte, et elle enfanta [310] le monstrueux et ineffable Kerbéros, chien d’Aidès, mangeur de chair crue, à la voix d’airain, aux cinquante têtes, impudent et vigoureux. Et puis elle enfanta l’odieuse Hydre de Lernaia, qui fut nourrie par la divine Hèrè aux bras blancs, pour servir sa haine insatiable contre la Force Hèrakléenne. Mais il la tua avec l’airain mortel, le fils de Zeus, l’Amphitryôniade, aidé du brave Iolaos, et d’après les conseils de la dévastatrice Athènaiè.

Et puis Ekhidna enfanta Khimaira au souffle terrible, [320] affreuse, énorme, cruelle et robuste. Elle avait trois têtes : la première d’un lion farouche, l’autre d’une chèvre, et la troisième d’un dragon vigoureux. Lion par le front, dragon par derrière, chèvre par le milieu, elle soufflait horriblement l’impétuosité d’une flamme ardente. Pégasos et le brave Bellérophontès la tuèrent.

Et puis Ekhidna enfanta la Sphinx, ce fléau des fils de Kadmos, après s’être unie à Orthos ; et puis le Lion Néméen que nourrit Hèrè, l’épouse vénérable de Zeus, et qu’elle plaça dans la fertile Néméiè, pour la ruine des hommes. [330] Et là il ravageait les tribus des hommes, ré-