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IDYLLE II



la magicienne.

Où sont mes lauriers ? Apportes-les, Thestylis. Où sont les philtres aussi ? Entoure cette coupe de la toison rouge d’une brebis. Je veux faire un enchantement sur cet homme cruel que j’aime et par qui je souffre, qui n’est point venu depuis douze jours, qui ne sait si je suis morte ou vivante, et qui n’a point frappé à ma porte. Sans doute Érôs et Aphrodita ont emporté ailleurs ses esprits légers. J ’irai demain à la palastre de Timagètos, et je lui reprocherai ce qu’il m’a fait. Resplendis donc, Sélana ! Je te chanterai, Divinité sereine, toi et la souterraine Hèkata qui monte du milieu des tombeaux des morts, dans le sang noir que redoutent les jeunes chiens eux-mêmes. Salut, effrayante Hèkata ! soutiens-moi jusqu’au bout, et fais que mes poisons égalent en violence ceux de Kirka, ceux de Mèdéia et ceux de la blonde Périmèda !

Bergeronnette magique, ramène-le vers ma demeure — Voici que le feu a consumé la farine. Répands-la. Thestylis. Malheureuse ! où ton esprit s’égare-t-il ? Répands et dis : — Je répands les os de Delphis !

Bergeronnette magique, ramène-le vers ma demeure. — Delphis m’a torturée, et moi, je brûle ce laurier sur