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violents, que la tempête arrache la terre de ses fondements avec toutes ses racines, que le flot de la mer, dans un rauque bouillonnement, envahisse les chemins des astres Ouraniens, que Zeus lance mon corps au fond du Tartaros en un tournoiement irrésistible ! Mais il ne me donnera pas la mort !

hermès.

Certes, telles doivent être les paroles et les résolutions des esprits saisis de démence. Il n’y manque rien. Il délire dans son mal et ne retranche rien de sa fureur. Mais vous, cependant, qui gémissez sur ses misères, quittez promptement ce lieu, de peur que l’horrible rugissement du tonnerre ne bouleverse vos esprits.

le chœur des okéanides.

Parle autrement. Donne-moi d’autres conseils pour me convaincre. Ce que tu me dis est intolérable. Comment peux-tu m’ordonner une action lâche ? Avec lui, s’il le faut, je veux souffrir, ayant appris à détester les traîtres. La trahison est la plus immonde des maladies.

hermès.

Rappelez-vous ce que j’ai annoncé. Saisies par Atè, n’en accusez pas la fortune. Ne dites jamais que Zeus vous a brusquement précipitées dans le malheur ; car, certes, vous serez enveloppées vous-mêmes dans l’immense rets du malheur, non soudainement, ni prises au piège, mais, le sachant, et par votre propre démence.