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à peine dompté, tu résistes avec violence et luttes contre les rênes. Tu te révoltes dans un esprit insensé. L’opiniâtreté est inutile en elle-même à qui ne raisonne pas. Vois, si tu n’obéis pas à mes conseils, quelle tempête, quel inévitable débordement de maux va se ruer sur toi. D’abord, sous le feu de la Foudre et sous le tonnerre, le Père écrasera ces âpres escarpements. Il engloutira ton corps que ces bras de pierre emporteront. Enseveli longtemps, tu renaîtras à la lumière ; mais le Chien ailé de Zeus, l’aigle sanglant, déchirera avec voracité le vaste reste de ton corps. Convive non invité, il viendra chaque jour. Il dévorera et mangera ton foie noir. Et n’espère point la fin de ce supplice, avant qu’un des Dieux veuille prendre ta place et descende vers le sombre Hadès, dans le profond brouillard du Tartaros. C’est pourquoi, délibère. Ceci n’est point une fausse et vaine menace, mais une parole qui n’est que trop réelle. La bouche de Zeus ne sait point mentir, et ce qu’elle dit s’accomplit. Toi, songe et délibère, à moins que tu ne préfères l’opiniâtreté à prudence.

le chœur des okéanides.

Il nous semble que Hermès parle comme il convient. Il veut que tu rejettes l’opiniâtreté pour écouter la prudence et la sagesse. Obéis. Il est honteux au sage de s’écarter de la droite raison.

promètheus.

Je sais tout ce qu’il dit et répète. Il est juste qu’un ennemi soit outragé par son ennemi. Maintenant, que le serpent flamboyant se précipite sur moi, que l’Aithèr soit secoué par le tonnerre et le tourbillon des vents