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tu espères apprendre quelque chose de moi ? Par aucun tourment, par aucune ruse Zeus ne pourra me contraindre de parler, avant que ces chaînes qui me chargent soient brisées. Puis, que la flamme ardente me foudroie que Zeus heurte et bouleverse tout du blanc tourbillon de la neige et des tonnerres souterrains ! Rien de tout cela ne me fléchira. Je ne lui dirai point par qui il est dans sa destinée d’être dépossédé de la tyrannie.

hermès.

Songes-y. À quoi ceci te servira-t-il ?

promètheus.

Tout est considéré et arrêté depuis longtemps.

hermès.

Ose donc une fois, ô insensé, demander la sagesse aux maux que tu subis !

promètheus.

Tu me fatigues, et vainement, autant que si tu réprimandais le flot ! Qu’il ne te vienne jamais dans l’esprit que je puisse, épouvanté par la volonté de Zeus, avoir un cœur de femme, et, les mains levées à la façon des femmes, supplier celui que je hais tant de me délivrer de mes chaînes. Je suis loin de tout cela.

hermès.

Il me semble que j’ai beaucoup parlé, et très inutilement. Tu ne t’apaises en rien, ni ne te rends à mes prières. Voici que, mordant le frein, comme un poulain