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LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Mais nous enverrions une armée excellente et bien munie.

LE SPECTRE DE DARÉIOS.

Maintenant, celle même qui est restée en Hellas ne reviendra plus dans la patrie !

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Que dis-tu ? Toute l’armée des Barbares n’est-elle pas revenue de l’Eurôpè en traversant le détroit de Hellè ?

LE SPECTRE DE DARÉIOS.

Peu, de tant de guerriers, s’il faut en juger par les oracles des Dieux et par ce qui est fait, car l’accomplissement d’un oracle est suivi par celui d’un autre. Aveuglé par une espérance vaine, Xerxès a laissé là une armée choisie. Elle est restée dans les plaines qu’arrose de ses eaux courantes l’Asopos, doux breuvage de la terre des Boiôtiens. C’est là que les Perses doivent subir le plus terrible désastre, prix de leur insolence et de leurs desseins impies ; car, ayant envahi Hellas, ils n’ont pas craint de dépouiller le sanctuaire des Dieux et de brûler les temples. Les sanctuaires et les autels ont été saccagés et les images des Dieux arrachées de leur base et brisées. À cause de ces actions impies ils ont déjà souffert de grands maux, mais d’autres les menacent et vont jaillir, et la source des calamités n’est point encore tarie. Des flots de sang s’épaissiront, sous la lance