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du détroit, et, à l’aide de liens forgés par le marteau, ouvrir une voie immense à une immense armée ! lui qui, étant mortel, espérait l’emporter sur tous les Dieux, et sur Poseidôn ! — Comment mon fils a-t-il pu être saisi d’une telle démence ? Je tremble que les grandes et abondantes richesses que j’ai amassées ne soient la proie du premier qui voudra s’en emparer.

ATOSSA.

Le violent Xerxès a fait cela, conseillé par de mauvais hommes. Ils lui ont dit que tu avais conquis par l’épée de grandes richesses à tes enfants, tandis que lui, par lâcheté, ne combattait que dans ses demeures, sans rien ajouter à la puissance paternelle. Ayant souvent reçu de tels reproches de ces mauvais hommes, il partit pour cette expédition contre Hellas.

LE SPECTRE DE DARÉIOS.

Ainsi c’est par eux que s’est accompli ce suprême désastre, mémorable à jamais ! La ville des Sousiens n’a point été dépeuplée par une telle calamité depuis que Zeus lui fit cet honneur de vouloir qu’un seul homme réunît sous le sceptre royal tous les peuples de la féconde Asia ! En effet, Mèdos, le premier, commanda l’armée. Un autre, fils de celui-ci, acheva son œuvre, car la sagesse dirigea son esprit. Le troisième fut Kyros, homme heureux, qui donna la paix à tous les siens. Il réunit au Royaume le peuple des Lydiens et celui des Phrygiens, et il dompta toute l’Iônia. Et les Dieux ne s’irritèrent point contre lui, parce qu’il était plein de sagesse. Le quatrième qui régna sur les peuples fut le