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Strophe.

La syrinx enduite de cire fait entendre le chant du sommeil. Hélas, hélas, hélas ! où ces longues courses me poussent-elles ? Ô fils de Kronos, pourquoi m’as-tu liée à ces misères ? Pourquoi exciter ainsi par la terreur ma fureur et ma démence ? Consume-moi par le feu, engloutis-moi sous la terre, ou jette-moi en pâture aux bêtes de la mer ! Ne te refuse pas à ce désir, ô Roi ! Mes courses vagabondes m’ont exténuée. Je ne sais comment ni où je serai délivrée de mes maux.

le chœur des okéanides.

N’entends-tu point la voix de la Vierge aux cornes de vache ?

promètheus.

Comment n’entendrais-je point la jeune Vierge harcelée par le Taon, la fille d’Inakhos ? Elle a brûlé d’amour le cœur de Zeus, et voici qu’elle est violemment éprouvée, en ces longues courses, par la haine de Hèra.

iô.
Antistrophe.

Pourquoi as-tu prononcé le nom de mon père ? Dis-le à une malheureuse. Qui es-tu ? Qui es-tu donc, ô malheureux ! toi qui sais mon nom, toi qui nommes le mal envoyé par les Dieux, ce mal qui me dessèche et me mord de furieux aiguillons ? Hélas ! Je suis venue en bondissant, excitée par les brûlures de la faim, domptée par la volonté haineuse de Hèra. Hélas ! Quels malheu-