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ATOSSA.

C’est pour cela que je viens ici, quittant mes demeures enrichies d’or et le lit nuptial commun à Daréios et à moi. L’inquiétude trouble mon cœur. Je vous dirai tout, je ne suis point tranquille, et je tremble que cette grande prospérité, promptement enfuie, ne bouleverse du pied les richesses que Daréios a amassées, non sans l’aide de quelque Dieu. C’est pourquoi j’ai une double inquiétude inexprimable dans le cœur. Certes, d’immenses richesses, quand le maître est absent, sont inutiles ; mais la puissance de ceux qui les ont perdues ne brille plus du même éclat. À la vérité, les nôtres sont encore intactes, mais je crains pour les yeux ! car l’œil d’une demeure, je pense, c’est la présence du Maître. Les choses étant ainsi, je veux être conseillée par vous, Perses, fidèles vieillards. Certes, tous les sages conseils doivent me venir de vous.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Sache ceci, Reine de cette terre : tu n’auras pas à dire deux fois si tu veux que nous parlions ou que nous agissions, autant que nous en aurons le pouvoir. Certes, nous te sommes dévoués, nous que tu nommes tes conseillers.

ATOSSA.

J’ai coutume, à la vérité, d’être agitée par de nombreux songes nocturnes, depuis que mon enfant est parti conduisant son armée dans la terre des Iaônes, plein du