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angoisse envahit mon cœur ! Entends ma colère, ô Nuit, ma mère ! Les ruses des Dieux m’ont enlevé mes antiques honneurs et m’ont réduite à rien !

ATHÈNA.

Je ne me lasserai point de te conseiller ce qu’il y a de mieux, afin que tu ne dises jamais que toi, une antique Déesse, tu as été dépouillée de tes honneurs et honteusement chassée de cette terre par une Déesse plus jeune que toi et par le peuple qui habite cette ville. Si la Persuasion sacrée t’est vénérable, si la douceur de mes paroles t’apaise, tu resteras ici ; mais si tu ne veux pas rester, tu ne lanceras point ta fureur injuste contre cette ville et tu ne causeras point la ruine du peuple, car il t’est permis d’habiter cette heureuse terre et d’y jouir en tout temps d’honneurs légitimes.

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.

Reine Athèna, quelle demeure habiterais-je ?

ATHÈNA.

Une demeure à l’abri de l’offense. Mais accepte.

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.

J’accepte. Quels seront mes honneurs ?

ATHÈNA.

Sans toi, aucune maison n’aura une heureuse fortune.