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la mer, volant avec des voiles. Malheureux ! Après avoir inventé ces choses pour les Vivants, je ne trouve rien maintenant pour me délivrer moi-même de mon supplice.

le chœur des okéanides.

Tu souffres un supplice indigne. Tu erres, troublé dans ton esprit. Mauvais médecin, ta pensée est malade, et tu n’y trouves aucun remède qui puisse te guérir.

promètheus.

Si tu veux écouter le reste, tu admireras combien d’arts et de ressources j’ai inventés. Voici le plus grand :

Si quelqu’un, autrefois, tombait malade, il n’y avait aucun remède, aucune nourriture, aucun baume, ni rien qu’il pût boire. Ils mouraient par le manque de remèdes, avant que je leur eusse enseigné les mixtures des médicaments salutaires qui, maintenant, chassent loin d’eux toutes les maladies. J’instituai les nombreux rites de la divination. Le premier, je signalai dans les songes les choses qui devaient arriver, et j’expliquai aux hommes les révélations obscures. J’ai précisé aux voyageurs les hasards des chemins et le sens assuré du vol des oiseaux aux ongles recourbés, ceux qui sont propices, ceux qui sont contraires, le genre de nourriture de chacun, leurs haines, leurs amours et leurs réunions. J’enseignai aussi l’aspect lisse des entrailles et leur couleur qui plaît aux Daimones, et la qualité favorable de la bile et du foie, et les cuisses couvertes de graisse. En brûlant les longs reins, j’ai enseigné aux hommes l’art difficile de prévoir. Je leur ai révélé les présages du Feu, qui, autrefois, étaient obscurs. Telles sont les choses. Et qui peut dire avoir trouvé avant moi toutes les richesses cachées aux