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Antistrophe I.

En effet, il n’y aura plus d’yeux dardés sur les hommes, plus de colère qui poursuive les crimes. Je laisserai tout faire. Chacun saura, en gémissant sur les maux qu’il souffrira de ses proches, qu’il n’y a plus ni relâche, ni remèdes à de telles misères, ni refuge contre elles, ni consolations même illusoires.

Strophe II.

Que personne, une fois accablé par le malheur, ne pousse ce cri : — ô Justice ! ô thrône des Érinnyes ! — Bientôt, un père ou une mère, en proie à une calamité récente, gémira avec des lamentations, après que la demeure de la Justice se sera écroulée !

Antistrophe II.

Il en est que la terreur doit hanter inexorablement, comme un surveillant de l’esprit. Il est salutaire d’apprendre de ses angoisses à être sage. Qui, en effet, ou ville, ou homme, s’il n’a dans le cœur une vive lumière, honorera désormais la Justice ?

Strophe III.

Ne désirez ni une vie sans frein, ni l’oppression. Les Dieux ont placé la force entre les deux, ni en deçà, ni au delà. Je le dis avec vérité : l’insolence est certainement fille de l’impiété ; mais de la sagesse naît la félicité, chère à tous et désirée de tous.