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elle serait terrible pour moi, parmi les hommes et les Dieux, la colère du suppliant que j’aurais volontairement livré !




ORESTÈS.

Reine Athèna, je viens à toi, envoyé par Loxias. Reçois avec bienveillance un malheureux qui n’est plus souillé, dont le crime est expié, qui est entré déjà dans de nombreuses demeures et qui s’est purifié en d’autres temples. J’ai traversé les terres et les mers, obéissant aux ordres que Loxias m’a donnés par son oracle, et je viens vers ta demeure et ton image, ô Déesse, et j’y resterai, attendant que tu me juges.

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.

Bien ! ceci est une trace manifeste de l’homme ! suis l’indice de ce guide muet. Comme le chien sur la piste du faon blessé, nous suivons celui-ci aux gouttes de son sang. Que de fatigues pour cet homme ! ma poitrine en est haletante. En effet, j’ai passé par tous les lieux de la terre, j’ai volé sans ailes à travers la mer, en le poursuivant, et non moins rapide que sa nef. Et, maintenant, il est là, blotti quelque part. L’odeur du sang humain me sourit ! — Regardons ! regardons encore ! Regardons partout, de peur qu’il prenne la fuite, impuni, le meurtrier de sa mère ! — Il a trouvé de nouveau un refuge ; il entoure de ses bras l’image de la Déesse ambroisienne, voulant être jugé à cause de son crime. — Mais cela ne