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Strophe III.

Divinateur ! tu as souillé ton propre sanctuaire de la présence de ce suppliant que tu as excité et appelé toi-même, protégeant ainsi les hommes contre la loi des Dieux et outrageant les Moires antiques !

Antistrophe III.

Le Dieu m’a outragée, mais il ne sauvera point cet homme, même quand il s’enfoncerait sous terre, et il ne serait point délivré ! Là encore, ce suppliant souillé par le meurtre trouverait un autre vengeur qui s’appesantirait sur sa tête !

APOLLÔN.

Hors d’ici ! je le veux. Sortez promptement de ce temple ! Disparaissez du Sanctuaire fatidique, de peur que je t’envoie le serpent à l’aile d’argent jailli de l’arc d’or ! Alors tu rejetterais de douleur ta noire écume prise aux hommes, tu vomirais ces caillots de sang que tu as léchés dans les égorgements ! Il ne vous convient pas d’approcher de cette demeure, mais il vous faut aller là où l’on coupe les têtes, où l’on crève les yeux, où sont les tortures, les supplices, où l’on retranche les organes de la génération, où les lapidés et les empalés gémissent ! Vous écoutez ces cris comme s’ils étaient des chants joyeux et vous en faites vos délices, ô Déesses en horreur aux Dieux ! C’est là que votre face effroyable sera la bienvenue. C’est l’antre du lion altéré de sang qu’il vous faut habiter ; mais vous ne devez pas souiller le Sanctuaire des oracles. Allez vagabonder sans pasteur