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part de ceux qui m’étaient très-chers, je n’ai aucun Dieu qui s’irrite et me défende, bien que des mains impies et parricides m’aient égorgée ! Vois ces plaies ! vois-les en esprit. L’esprit, quand on dort, a des yeux perçants. À la lumière du jour, les choses sont moins visibles aux hommes. Mais vous vous êtes repues des nombreux sacrifices offerts ; vous avez bu les libations sans vin, de miel et d’eau, et mangé les repas sacrés préparés pendant la nuit, au feu du foyer, à l’heure que vous ne partagiez avec aucun des autres Dieux. Et toutes ces choses, je vous vois les fouler aux pieds ! Et lui, il s’est échappé, fuyant comme un faon ; et, se jouant de vous, il a bondi aisément hors le filet. Entendez ce que vous dit mon âme. Réveillez-vous, Déesses souterraines ! C’est moi, c’est le spectre de Klytaimnestra qui vous appelle.

(Le Chœur des Euménides ronfle.)

Vous ronflez, et l’homme s’échappe et fuit au loin ! Seule, je ne suis point écoutée des Dieux que je supplie !

(Le Chœur des Euménides ronfle.)

Vous dormez trop et n’avez nulle pitié de mes maux. Orestès, le meurtrier de sa mère, s’est échappé !

LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.

Oh ! oh ! oh !

LE SPECTRE DE KLYTAIMNESTRA.

Tu cries ? Dors-tu ? Que ne te lèves-tu promptement ? ta destinée n’est-elle pas de faire souffrir ?