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rement. Devant cet homme dort une effrayante troupe de femmes assises sur des thrônes. Je ne dirai pas qu’elles sont des femmes mais plutôt des Gorgones. Je ne les comparerai même pas à des Gorgones. J’ai vu, une fois, celles-ci, peintes, enlevant le repas de Phineus. Quant à ces femmes, elles sont sans ailes, noires et horribles. Elles ronflent avec un souffle farouche, et leurs yeux versent d’affreuses larmes, et leur vêtement est tel qu’on n’en devrait point porter de semblable devant les images des Dieux, ou sous le toit des hommes. Jamais je n’ai vu une telle race ! Jamais aucune terre n’a pu se vanter de nourrir de tels enfants, sans avoir encouru de lamentables calamités. Mais c’est au maître de ce sanctuaire, au tout-puissant Loxias, de s’inquiéter de ce qui en arrivera. Il est divinateur et guérisseur, interprète des augures et purificateur des demeures des autres.




APOLLÔN.

Je ne te trahirai pas. Je veillerai toujours debout près de toi, et, de loin, je tiendrai tête à tes ennemis. Maintenant, tu vois ces Furieuses saisies par le sommeil. Elles sont domptées par le sommeil, les abominables vieilles Filles, les antiques Vierges dont ne voudrait ni aucun Dieu, ni aucun homme, ni aucune bête ! Elles ne sont nées que pour le mal. Elles habitent les mauvaises ténèbres et le Tartaros souterrain en horreur aux hommes et aux Dieux Olympiens. Mais fuis sans tarder davantage et sans perdre courage, car elles vont te poursuivre à