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roces ou voile d’une baignoire de mort ? Tout nom est le vrai, que je dise filet ou voile à embarrasser les pieds. L’homme qui se met à l’affût des voyageurs et vit de ce qu’il vole s’en servirait volontiers. À l’aide de cet instrument de ruse, il commettrait d’innombrables meurtres et il en méditerait autant dans son esprit. Une telle femme n’habitera jamais auprès de moi dans mes demeures. Que je meure plutôt, grâce aux Dieux, sans enfants !

Le Chœur des Khoèphores.

Hélas, hélas ! choses lamentables ! — Toi, tu es morte d’une mort terrible ! hélas ! hélas ! mais la souffrance fleurit pour celui qui survit.

Orestès.

L’a-t-elle fait, ou ne l’a-t-elle pas fait ? Ce voile rougi par l’épée d’Aigisthos m’est un témoin sûr. Les taches de sang ont résisté au temps et altèrent encore les couleurs variées de ce voile. En le voyant, je m’applaudis et je pleure, à la fois, sur moi-même, et j’atteste ce tissu qui a perdu mon père. Je pleure le meurtre et la vengeance, et ma race tout entière, et je gémis sur cette victoire qu’il faudra expier.

Le Chœur des Khoèphores.

Nul parmi les hommes ne passe des jours tranquilles pendant tout le temps de sa vie. Chacun souffre à son tour, tantôt l’un, tantôt l’autre !