plus promptement possible, afin d’apprendre sûrement par lui-même, la nouvelle qui vient d’arriver. En face des serviteurs, elle a caché la joie de son âme sous un visage attristé, à cause de l’heureux message de ces étrangers ; mais la destinée de cette maison est rendue très-misérable par cette nouvelle certaine qu’ont apportée nos hôtes. Certes, Aigisthos aura le cœur plein de joie quand il l’apprendra. Ô malheureuse ! combien ces malheurs qui se sont rués autrefois sur la demeure d’Atreus ont déchiré mon cœur dans ma poitrine, mais jamais d’une aussi grande douleur qu’aujourd’hui ! J’ai, autant que je l’ai pu, supporté les autres maux avec patience. Mais mon cher Orestès, le souci de mon âme, que j’ai nourri, l’ayant reçu de sa mère, qui de ses cris aigus me faisait lever pendant la nuit, et pour qui j’ai enduré tant de fatigues et de peines inutiles ! Il faut bien, en effet, deviner celui qui n’a pas plus de raison qu’une bête. Comment faire autrement ? Un enfant dans les langes ne parle pas, soit que la faim ou la soif, ou le besoin d’uriner le prenne, car le ventre d’un enfant n’attend rien. Je prévoyais cela, et souvent, je l’avoue, je me suis trompée. Puis, il fallait laver les langes de l’enfant, car la nourrice est aussi blanchisseuse. J’eus ce double devoir du jour où Orestès me fut donné à élever par son père. Et maintenant, malheureuse, j’apprends qu’il est mort ! Mais je vais trouver cet homme qui est le malheur de cette maison. Sans doute il entendra cette nouvelle avec joie !
De quelle façon Klytaimnestra lui fait-elle dire de venir ?