Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du seuil un suppliant ? Aigisthos, s’il est ici, ne l’a-t-il point appris ? — Mais, si, ayant passé le seuil des portes intérieures, je trouve Aigisthos assis sur le thrône de mon père, ou si, pour me parler, il vient à moi et me regarde, certes, sache-le, avant qu’il ait dit : — Étranger, d’où es-tu ? — je le tuerai brusquement, en le clouant de l’airain. L’Érinnys du meurtre, déjà gorgée de sang, en boira une troisième fois. Maintenant, toi, Èlektra, observe bien ce qui se passe dans la demeure, afin que tout concoure avec notre dessein. Vous, retenez votre langue ; taisez-vous ou parlez quand il le faudra. Pour le reste, je supplie Loxias de m’être favorable, puisqu’il m’a imposé cette lutte par l’épée.

Le Chœur des Khoèphores.
Strophe I.

La terre nourrit d’innombrables terreurs et de grands maux ; les gouffres de la mer abondent de monstres terribles à l’homme ; des feux flamboyants tombent des hautes nuées, et nous pouvons nous rappeler tout ce qui vole et rampe, aussi bien que la fureur qui jaillit de la tempête.

Antistrophe I.

Mais qui dira l’aveugle audace de l’homme et de la femme, ce qu’ils osent tenter, et les amours sans frein qui amènent la ruine inévitable des mortels ? Quand il possède le cœur de la femme, cet amour qui n’est pas l’amour, il dompte les hommes comme il fait des bêtes féroces.