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Orestès.

Cela sera fait ; mais il n’est pas hors de ceci de rechercher pour quelle cause elle a envoyé ces libations, et pourquoi elle a voulu réparer par de tardifs honneurs l’irréparable crime. C’est un don misérable à un mort insensible. Je ne puis comprendre ce que signifient ces présents si au-dessous du crime. Donner tout ce qu’on possède pour le sang versé d’un seul homme, c’est un travail inutile. Telle est ma pensée. Mais, si tu sais, apprends-moi ce que je désire savoir.

Le Chœur des Khoèphores.

Je le sais, ô enfant, car j’étais là. C’est agitée par la terreur de songes nocturnes que cette femme impie a envoyé ces libations.

Orestès.

Connais-tu ce songe ? Peux-tu me le raconter clairement ?

Le Chœur des Khoèphores.

Il lui a semblé, a-t-elle dit, enfanter un dragon.

Orestès.

Comment ce récit s’est-il terminé ?

Le Chœur des Khoèphores.

Le dragon était couché dans les langes, comme un enfant.