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agitent, troublent et chassent le misérable hors de la ville avec un fouet d’airain. Il n’est plus permis à l’homme souillé de prendre part du kratèr et des libations versées. Il est repoussé des autels par la colère cachée de son père ; il n’est accueilli par personne ; tous le méprisent, et il meurt, longtemps après, sans amis, et consumé par une destinée lamentable et horrible. Certes, il faut croire de tels oracles. Même sans y croire, j’accomplirais encore mon dessein. En effet, d’innombrables raisons m’y poussent : l’ordre d’un Dieu, le regret profond de mon père, et, par dessus tout, mon indigence. Enfin, je ne souffrirai pas que les plus illustres des citoyens qui ont courageusement renversé Troia soient soumis à deux femmes, car Aigisthos a une âme de femme. S’il en est rien, cela se saura bientôt, et clairement.

Le Chœur des Khoèphores.

Ô grande Moires ! Que tout s’accomplisse, avec l’aide de Zeus, selon la justice ! Que la langue ennemie soit châtiée par une langue ennemie ! La justice réclame à haute voix ce qui est dû. Coup mortel pour coup mortel ! Qu’il subisse le crime, celui qui a commis le crime ! c’est la maxime antique.

Orestès.
Strophe I.

Ô père, qui as souffert des maux terribles, que te dirai-je et que ferai-je, pour que la lumière luise dans les ténèbres et parvienne d’ici, sous la terre, jusqu’à ton