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l’arbre royal est brûlé jusque dans ses racines, on ne pourra orner de rameaux tes autels aux jours des sacrifices. Aide-nous ! Relève de sa chute cette maison qui certes, semble maintenant à jamais écroulée.

Le Chœur des Khoèphores.

Ô enfants, ô sauveurs du foyer paternel, taisez-vous ! Ô enfants, que nul ne vous entende et ne puisse, en parlant sans réserve, tout dénoncer à ceux qui commandent. Plaise aux Dieux que je les voie un jour morts, à travers la fumée odorante du bûcher !

Orestès.

Non, certes, le tout-puissant oracle de Loxias ne me trahira pas, lui qui m’a ordonné d’affronter ce danger, m’excitant à haute voix et me menaçant, de façon à glacer mon cœur brûlant, de malheurs terribles, si je ne vengeais le meurtre de mon père sur ses meurtriers, les tuant comme ils l’ont tué, et si je ne les châtiais de m’avoir enlevé mes biens. Certes, il m’a dit que je souffrirais alors et que je serais accablé de maux horribles. Il m’a annoncé que les mortels seraient accablés de toutes les calamités qu’il faut payer aux Érinnyes irritées, et que, pour moi, je serais en proie à la maladie qui rongerait mes chairs, dévorerait de ses dents féroces ma première nature, me rendrait décrépit et blanchirait mes poils. Et il prophétisait encore d’autres assauts des Érinnyes, à cause du sang de mon père, et qu’il darderait son œil flamboyant du fond des ténèbres ; car le trait sombre que lancent les morts, quand des parents ont été la proie d’un crime, et la rage, et les épouvantes nocturnes,