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mais non sur la lyre, la lamentation d’Érinnys ! Le cœur ne trompe pas, agité du pressentiment de l’expiation certaine. Je prie les dieux qu’une part de mes terreurs soit démentie et ne s’accomplisse pas !

Strophe II.

La meilleure santé aboutit à d’inévitables douleurs, car la maladie habite à côté et n’est séparée d’elle que par un même mur. La destinée de l’homme, courant tout droit, se heurte toujours à un écueil caché ; mais, si la prudence fait jeter à la mer un peu du riche chargement, toute une maison ne périt pas, lourde de malheurs, et la nef n’est point submergée. Certes, l’abondance qui vient de Zeus, les moissons qui naissent annuellement des sillons guérissent de la famine.

Antistrophe II.

Mais quelle incantation rappellera jamais le sang répandu sur la terre, le sang noir d’un homme égorgé ? Zeus ne foudroya-t-il point autrefois le Très-savant qui tentait de faire revenir les morts du Hadès ? Si la Moire divine ne me défendait d’en dire plus, mon cœur, devançant ma langue, eût tout révélé. Mais il frémit dans l’ombre, impatient de colère, et n’espérant point, consumé d’inquiétudes, parler jamais à temps.


Klytaimnestra.

Entre aussi, toi, Kasandra ! Puisque Zeus bienveillant