Il serait lamentable que la Ville Ogygienne fût engloutie dans le Hadès, en proie à la lance, réduite en servitude, souillée de cendre, dévastée honteusement par l’homme Akhaien et la volonté des Dieux, et que les femmes, hélas ! jeunes et vieilles, les vêtements déchirés, fussent traînées par les cheveux comme des juments ! Et toute la Ville retentirait des mille clameurs des captives mourantes ! Je crains cette destinée terrible.
Il serait lamentable que des vierges, avant la solennité des noces, fussent entraînées loin de la demeure. En effet, la mort serait une destinée plus heureuse ; car une ville saccagée souffre d’innombrables maux. On entraîne, on tue, on allume l’incendie ; toute la ville est infectée de fumée ; Arès, le dompteur de peuples, furieux, étouffe la pitié.
La Ville retentit de confuses clameurs ; la multitude ennemie l’enveloppe d’une muraille hérissée. L’homme est tué par l’homme avec la lance. Les vagissements des enfants à la mamelle et tout sanglants retentissent. Voici les rapines, compagnes des tumultes. Celui qui va piller se heurte à celui qui a pillé; ceux qui n’ont rien encore s’appellent les uns les autres ; aucun ne veut la moindre part, mais tous veulent la plus grande portion de la proie. Qui pourrait tout raconter ?