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Strophe II.


Il serait lamentable que la Ville Ogygienne fût engloutie dans le Hadès, en proie à la lance, réduite en servitude, souillée de cendre, dévastée honteusement par l’homme Akhaien et la volonté des Dieux, et que les femmes, hélas ! jeunes et vieilles, les vêtements déchirés, fussent traînées par les cheveux comme des juments ! Et toute la Ville retentirait des mille clameurs des captives mourantes ! Je crains cette destinée terrible.


Antistrophe II.


Il serait lamentable que des vierges, avant la solennité des noces, fussent entraînées loin de la demeure. En effet, la mort serait une destinée plus heureuse ; car une ville saccagée souffre d’innombrables maux. On entraîne, on tue, on allume l’incendie ; toute la ville est infectée de fumée ; Arès, le dompteur de peuples, furieux, étouffe la pitié.


Strophe III.


La Ville retentit de confuses clameurs ; la multitude ennemie l’enveloppe d’une muraille hérissée. L’homme est tué par l’homme avec la lance. Les vagissements des enfants à la mamelle et tout sanglants retentissent. Voici les rapines, compagnes des tumultes. Celui qui va piller se heurte à celui qui a pillé; ceux qui n’ont rien encore s’appellent les uns les autres ; aucun ne veut la moindre part, mais tous veulent la plus grande portion de la proie. Qui pourrait tout raconter ?